Une ville n’a pas le droit de détruire son histoire, les barbares seuls peuvent avoir ce triste privilège.
— Marcel Lemarié, architecte de la synagogue Copernic
Valeur esthétique
Construite en 1923-1924, la synagogue est un rare exemple de l'Art Déco. Sa qualité esthétique n'est aucunement prise en compte par ceux qui aspirent à sa démolition.
À l’annonce de la rénovation de la synagogue de la rue Copernic, j’ai eu, bien sûr, un réflexe de joie, car toute rénovation signifie beauté, propreté, harmonie, mais surtout respect de la structure antérieure des lieux.
Cependant, ma joie fut de courte durée : elle s’est transformée en déception et tristesse, quand j’ai compris que « rénovation » signifiait, ici, tout détruire, éradiquer toute trace des éléments au style Art Déco, faire oublier l’âme de cette synagogue, pour finalement concevoir ex nihilo un bâtiment tout neuf, moderne, impersonnel et aseptisé. Rien désormais ne différenciera ce nouvel édifice de bien d’autres ouvrages de notre époque. L’une des nouveautés prévues pour ce chantier communautaire est une salle de concert, magnifique, certes, et à l’acoustique idoine. Mais est-ce vraiment la fonction d’une synagogue ? La Philharmonie existe déjà. L’historien Pierre Nora a écrit une œuvre essentielle sur l’aspect sociologique d’un patrimoine à respecter sous toutes ses formes. C’est un livre dont le titre m’a semblé s’adapter tout à fait à ma démarche : Les Lieux de mémoire. Cet énoncé résume, à lui seul, toute l’importance de la mémoire. Il n’y a pas d’avenir sans passé. Il n’y a pas de projets ou de projections possibles sans prendre en considération tout ce qui nous a constitué dans une histoire à la fois singulière et collective. J’ai passé des moments inoubliables dans ma jeunesse, dans ce lieu mythique : dans ce lieu accueillant, chaleureux et beau, grâce à son architecture évocatrice d’une époque passée. Il a abrité la grande Histoire, et la petite aussi : l’histoire de familles et d’individus, sur le fond de laquelle se jouent et se dénouent encore les bonheurs et les tragédies des uns et des autres. J’ai aimé cette synagogue, ce lieu de prières, de rassemblement ; le voir détruit pour en trouver un autre, étrange, étranger, infidèle à mon imaginaire, m’emplit de tristesse. Maud HOFMANN, 2017 Bibliothèque de l’Alliance israélite universelle
le 4 avril 2017 Monsieur le président, J’ai bien reçu votre lettre expliquant votre opposition au projet de rénovation de la synagogue de la rue Copernic présenté le 23 février 2017. Conscient de l’importance historique et mémorielle des lieux, je comprends votre démarche et vous assure de mon soutien dans la recherche d’une solution de modernisation qui respecterait les lieux existants. Veuillez croire, Monsieur le Président à l’expression de mes sentiments les meilleurs, Jean-Claude KUPERMINC Directeur de la bibliothèque et des Archives Chère Madame da Costa,
Au nom de la New York Art Deco Society (ADSNY), j’écris pour demander respectueusement au Comité d’architecture de la DRAC d’étudier attentivement la protection future de la synagogue de la rue Copernic. Notre organisation, fondée en 1980, soutient les efforts de l’Association « Paris Art Déco Society » pour attirer l’attention sur les mérites importants de ce site culturel très particulier. Pour plus d’informations sur ADSNY, veuillez vous référer à www.artdeco.org ADSNY est particulièrement préoccupée par le fait que le conseil d’administration de l’ULIF-Copernic ait choisi la démolition plutôt que la préservation et la modification créatives. Il semble que le bâtiment ait certainement une portée importante et mérite une protection complète à perpétuité. Je demande que cette lettre soit partagée avec monsieur J. Loyer-Hascoët, directeur général du patrimoine français. Avec nos sincères remerciements, Roberta NUSIM Merci de m’avoir fait adresser la dernière lettre de l’APPC. En la lisant, j’ai pris connaissance du site http://www.sauvegardecopernic.org. Peut-être m’en aviez-vous déjà informé, mais si c’est le cas je n’y avais à l’époque pas prêté attention.
Je me suis rendu sur ce site, réellement très bien fait et riche d’informations sur le patrimoine Art Déco que constitue la synagogue Copernic. Du coup, j’ai eu envie de compléter les informations mises sur le site www.patrimoinejuif-france.com (ou www.jecpj-france.com/itineraires) dont je suis l’administrateur, au sujet de la synagogue Copernic. Le patrimoine de la synagogue est maintenant évoqué ainsi que le risque de sa démolition. J’ai par ailleurs introduit deux liens vers le site APPC, un vers la page « images de la synagogue » (superbe !), un vers la page accueil du site en indiquant l’objet de l’APPC. C’est une goutte d’eau dans la mer, mais je tenais néanmoins à faire savoir, dans le cadre qui est celui de JECPJ-France, que Copernic constitue un patrimoine et que celui-ci est en péril. Sur le site de l’AEPJ (Association Européenne pour la Préservation et la Promotion du Patrimoine et de la culture Juifs), je vous signale qu’il existe une route particulière, transnationale, consacrée au « jewish modernism » dans les synagogues et bâtiments. Cela concerne notamment l’Art Nouveau. L’APPC pourrait peut-être contacter l’AEPJ pour y faire figurer Copernic et des pages de son site… Cela pourrait éventuellement peser dans la balance, lors de la mission de la DRAC. Pour information, j’ai été choisi pour être le nouveau président de JECPJ-France, fonction que j’exercerai pleinement à partir du 1er novembre. J’ai vu que Bruno Freitag est le représentant de l’ULIF au sein de l’AG de JEPCJ-France. Quelle est son attitude dans le conflit qui oppose ceux qui veulent le « Nouveau Copernic » et ceux qui , comme vous et l’APPC, insistent sur la nécessité de préserver ce patrimoine original ? Thierry KOCH, 3 août 2018 J’ai été très touché par votre envoi, un remarquable dossier très précis avec ce recueil de plans et coupes de ce joyau en partie reconstitué du temple construit par l’architecte Marcel Lemarié.
Un édifice religieux, cela ne se détruit pas et surtout pas volontairement par l’administration cultuelle chargée de le faire vivre. On ne détruit pas des lieux où furent scellées des unions, des mariages et d’autres cérémonies qui jalonnent l’éducation religieuse de futurs adultes. On ne peut détruire une imprégnation, une émotion délivrées par des fières sur des murs choisis. Imaginons, par exemple, que des autorités religieuses catholiques détruisent leur église, là où ils vivaient pleinement et régulièrement leur foi pour enfaite une autre plus grande ou… plus pratique. Difficile à imaginer. Nous sommes confrontés au même problème. Avec mon humble soutien, Thierry DELABALLE Résident de la rue Copernic Nous partageons pleinement votre combat pour la sauvegarde du patrimoine de la synagogue de la rue Copernic. C’est l'une des rares synagogues européennes de style art-déco et la seule en France. Un projet vise à la détruire purement et simplement. Si ce projet était mené à son terme, c'est un pan de l'histoire de l'architecture qui disparaîtrait, un pan d'histoire tout court.
Discrète par sa façade, elle rappelle les circonstances dans lesquelles elle fut construite, l'entre-deux-guerres, époque où la communauté juive préférait ne pas se faire remarquer. L'intérieur, par contraste, est remarquable par le traitement de l'espace, par les solutions techniques mises en œuvre, par son parti-pris décoratif. Elle fut la cible de deux attentats, en 1941 et en 1980, qui l'endommagèrent, sans la détruire. Une éventuelle démolition serait une perte de mémoire historique irréparable. L'Association Paris Art Deco Society (APADS), dont le but est la mise en valeur, la défense et la diffusion de la connaissance du style “Art-Déco”, regrette que d'autres options qu'une destruction pure et simple n'aient pas été envisagées par la direction de cette institution, contre l'avis d'une majorité de fidèles. L'APADS appelle de ses vœux l'élaboration d'un nouveau projet qui préserverait ce bâtiment de grande valeur dont les Parisiens peuvent être fiers. Image : La verrière de Pierre-Jules Tranchant.
Manière de procéder
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Mémoire
La devise de l'ULIF est « Tradition et modernité ». Cependant, le premier de ces termes jumelés semble être rayé par le projet de démolition. La synagogue représente un lieu de mémoire : la mémoire du mouvement libéral juif, de ses membres qui y ont passé des moments marquants de leur vie, celle de ses membres morts en déportation ou lors de l'attentat du 3 octobre 1980.
La Synagogue de la rue Copernic – Paris XVIe – fait actuellement l'objet d'un projet de déconstruction complète pour répondre à des normes de sécurité et d'accessibilité. Suite à plusieurs entretiens avec des architectes du patrimoine, la déconstruction ne serait pas nécessaire. Or – au delà des qualités identitaires singulières du lieu de culte en tant que tel – cet édifice est l'une des rares traces de style Art déco au sein du patrimoine juif d'Europe. Construit en 1924, il est aussi l'un des symboles du combat des Juifs de Paris lors de la montée de l'antisémitisme pré-nazie, ciblé à deux reprises par des attentats en 1941 et 1980. À ces dates, plusieurs personnes sont mortes.
Alors pour ne pas oublier celles et ceux, morts, blessés, rapatriés, déportés, ou plus simplement attachés à ce lieu, qui n'est pas uniquement un édifice juif mais une figure de l'Histoire de Paris des années 1920 : signez cette pétition. Merci infiniment. Garance SORNIN, 20 juillet 2017 Je suis choqué qu’un tel projet soit mis en œuvre. La synagogue de la rue Copernic est un bâtiment qui, certes, a besoin de réhabilitations et d’aménagements, mais il est un lieu symbolique de la construction du judaïsme libéral en France et de l’Histoire de France. L’ULIF dispose là d’un bâtiment historique qui mérite un tout autre traitement que celui proposé. Je suis certain qu’il existe d’autres solutions alternatives à celle proposée par la direction de l’association. Je suis de tout cœur avec les opposants à ce projet, et je leur apporte mon plein et entier soutien.
François M. CLÉMENT Co-président de Val d’Oise Tourisme, Président du Collège des OTSI du Val d’Oise, Administrateur du CRT d’Ile-de-France, Président de l’OTC Royaumont-Carnelle-Pays de France 31 mars 2018 Madame, Monsieur,
C’est avec stupéfaction et consternation que nous avons été informés de la démolition de l’immeuble abritant la synagogue Copernic. Ce lieu historique, fondé il y a près d’un siècle, a connu depuis sa longue existence, de la joie, du bonheur mais, aussi des drames. C’est un patrimoine irremplaçable qu’il faut préserver et conserver précieusement. Cordialement, Laurent SULLY-JAULMES Chantal GHENOVICI Paris, le 7 avril 2017 Ce projet de démolition est une honte, c’est un acte sacrilège. Il n’est pas seulement question d’architecture même si la destruction d’un lieu du patrimoine me scandalise de manière générale. Et détruire une synagogue … Mais pourquoi ne pas brûler aussi les vieux livres qu’elle contient et remplacer l’ensemble par du neuf ? Quel exemple pour notre peuple, attaché à l’histoire. Notre peuple, qui a vécu des heures sombres où ses temples étaient détruits. La synagogue Copernic est un lieu témoin de la vie juive en France. J’entends et on peut comprendre, certains des arguments en faveur de la reconstruction, disposer d’un lieu de prières plus spacieux, en particulier pour les concerts… Mais ce qui compte ce n’est pas l’espace, ou l’acoustique, ce qui nous lie c’est l’âme, l’esprit du lieu. Rien ne peut justifier la destruction d’une synagogue. Espérons, appelons à un sursaut de la raison !
Fred COHEN, 28 janvier 2018 Image : Les marques d'un passé traumatique seront effacées : la démolition souhaitée par les administrateurs d'aujourd'hui achèvera le travail des agresseurs d'hier (attentat du 1941 qui, en l'occurrence, visait l'édifice, non les fidèles).
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