Une ville n’a pas le droit de détruire son histoire, les barbares seuls peuvent avoir ce triste privilège.
— Marcel Lemarié, architecte de la synagogue Copernic
Télérama 31 janvier 2023
À Paris, Châtenay-Malabry, Malakoff et Toulouse, quatre architectures emblématiques du XXe siècle en péril […] La synagogue de la rue Copernic, à Paris : La synagogue de la rue Copernic, à Paris : Derrière une discrète façade de l’Ouest parisien se cache « le meilleur, sinon l’unique, exemple d’une synagogue Art déco en France », à en croire l’historien de l’art Dominique Jarrassé. L’architecte Marcel Lemarié (1864-1961) l’a construite en 1924. De dimensions harmonieuses, la salle de prières en béton se pare de « stucs blancs et or » ornés de « motifs végétaux géométrisés ». Au plafond, à côté d’un lanterneau circulaire, un grand vitrail jaune et bleu domine l’arche sainte abritant les rouleaux de la Torah. L’élégant Art déco, qui a rayonné dans le monde depuis Paris à partir de l’Exposition internationale des arts décoratifs en 1925, a beaucoup été détruit, quand la mode est passée, après 1945. Raison de plus pour sauvegarder la synagogue Copernic, qui n’est pourtant pas classée Monument historique. Elle est pourtant très connue des historiens pour avoir subi deux attentats, en 1941 et 1980, ce qui en fait aussi un lieu de mémoire.
Son propriétaire, l’Union libérale israélite de France (Ulif), souhaite la démolir pour l’agrandir sous la forme d’une boîte rectangulaire signée des architectes Denis Valode et Jean Pistre. Seuls quelques éléments Art déco seraient préservés et réinstallés dans le nouveau bâtiment. « L’Ulif souhaite se rendre plus visible, ce que je comprends tout à fait, mais pourquoi l’unique patrimoine du judaïsme libéral devrait-il être détruit pour cela ? » s’interroge Eva Hein-Kunze, présidente de l’Association pour la protection du patrimoine de la synagogue Copernic (APPC). Son combat dure depuis sept ans. Avec un certain succès, puisqu’une demande de permis de démolir, déposée en octobre 2021, n’a toujours pas abouti.
Par Xavier de JARCY [Extrait]
Causeur septembre 2022
Times of Israel 30 juin 2022
Le Point 21 juin 2022
Le Parisien 20 avril 2022
XVIe demain n° 177, janvier 2022
La Croix 9 décembre 2021
À Paris, le projet de rénovation de la synagogue Copernic fait encore débat
Explication Les critiques sur la rénovation de la synagogue ont repris alors que la demande de permis de construire a été déposée par l’Union libérale israélite de France (Ulif), administrateur de la synagogue. Un historien de l’art et une association de préservation du patrimoine se sont exprimés contre la « démolition » du lieu. Juliette Paquier, le 09/12/2021 à 19:06
Le dépôt récent de la demande de permis de construire visant à autoriser les travaux de rénovation de la synagogue de la rue Copernic, dans le 16e arrondissement de Paris, a ravivé la controverse. Le journaliste et historien de l’art Didier Rykner a publié, lundi 6 décembre, sur son site Internet, un article à charge intitulé « La synagogue Copernic : encore un monument art déco menacé », tandis qu’une association de protection du patrimoine a diffusé une tribune virulente contre.
« J’avais été alerté de ce problème depuis longtemps », explique Didier Rykner. L’historien de l’art, qui s’oppose vivement à la « démolition » de la synagogue, rappelle que « l’art déco est très menacé de nos jours ». De même, l’association International Coalition for the Preservation of Paris, qui prend régulièrement position contre des décisions de démolition de bâtiments dans la capitale, dénonce dans sa tribune une « opération immobilière profitable ».
Un projet d’agrandissement et de rénovation pour mettre le bâtiment aux normes
Une polémique qui dure depuis plusieurs années déjà. Le projet de travaux de l’emblématique synagogue de la rue Copernic, connue pour l’attentat de 1980, avait suscité l’opposition d’une partie de la communauté juive, au moment de sa présentation, en 2017. L’Union libérale israélite de France (Ulif), à l’initiative de la rénovation et administratrice du lieu, avait alors évoqué un « projet d’agrandissement et de rénovation de la synagogue » pour moderniser un bâtiment et des installations « vétustes ».
« Notre bâtiment n’est pas conforme aux normes de sécurité et inaccessible aux personnes à mobilité réduite », explique Bernard Daltroff, administrateur pour l’Ulif du bâtiment Copernic, dans lequel un escalier unique dessert les cinq étages de la synagogue. Après étude du projet et de l’opportunité de racheter le bâtiment mitoyen, l’Ulif choisit d’agrandir la synagogue. « Nous avons conclu que la salle de culte devait être au premier étage pour utiliser la totalité de la surface », explique-t-il.
Une synagogue art déco « unique en France »
Or, la salle de culte est ornée de décorations art déco, « uniques en France », selon Eva Hein-Kunze, présidente de l’Association pour la protection du patrimoine Copernic (APPC), créée en 2017 pour « empêcher la réalisation du projet de démolition de la synagogue historique ». « C’est le seul héritage de la communauté juive libérale de Paris et de France, aussi bien architectural que mémoriel, et c’est dramatique de le voir disparaître », explique Eva Hein-Kunze, qui se dit aujourd’hui « consternée » de voir le projet se concrétiser.
Selon elle, la présentation des travaux ne s’est pas faite de manière « démocratique » et l’utilisation du terme « reconstruction » dissimule en fait une véritable « démolition ». Incompréhension ou manque de communication sur la véritable nature du projet, les membres de l’assemblée générale de la synagogue ont largement adopté le projet en 2018.
Selon Bernard Daltroff, il y a eu « plusieurs réunions d’information, délibérations, et seules quelques personnes ont voté contre ». Il explique que les membres de l’APPC sont opposés à l’expansion de la synagogue, voulue dans le but de « développer les activités culturelles et cultuelles ». L’administrateur assure par ailleurs que les décorations art déco seront reproduites et restituées dans la salle du premier étage.
Malgré les 10 000 signatures de la pétition lancée sur Internet par l’APPC, en 2017, et l’opposition de ces différents acteurs de conservation du patrimoine, la Direction régionale des affaires culturelles n’a jamais classé la synagogue au titre des monuments historiques. La date du début des travaux n’a pas encore été annoncée.
Globus (Israël) 13-19 mai 2021 article en langue russe, à consulter ici
Detali (Israël) 6 mai 2021 article en langue russe avec traduction, à consulter ici
SOS Paris
Le Parisien 6 mai 2019
QUELQUES OBSERVATIONS Cet article comporte un certain nombre d'erreurs. – Le titre évoque une simple « refonte ». Or nous luttons contre le projet d’une démolition totale de la synagogue. Le terme anodin refonte rejoint les autres expressions trompeuses (« agrandissement », « mise aux normes obligatoire », « embellissement de votre maison ») utilisés depuis deux ans par ceux qui soutiennent la destruction de l’édifice historique au profit du « Centre cultuel et culturel » conçu par l’agence Valode et Pistre. – La date de construction de la synagogue est l’année 1923-24 (non 1927). – La pétition de l’APPC sur Change.org « Contre la démolition de la synagogue Copernic » compte actuellement non pas « plusieurs milliers », mais plus de 10 000 signatures. De même les amis lecteurs de notre page Face Book : 3 372 abonnés. – La prochaine convocation devant le TGI ne concerne pas des particuliers – le couple Heinquet / Hein-Kunze –, mais une assignation que l’ULIF-Copernic à déposé au TGI contre l’APPC. – Enfin, après avoir cité l’âge des deux membres associatifs, la conclusion évoque « un problème générationnel ». Cela modifie le sens du propos de madame Hein-Kunze, qui concerne avant tout l’attention respectueuse au patrimoine
Article sur le site d'Atrium (cliquer ici) N° 79, printemps 2018 — article reproduit sur notre site : cliquer ICI
Observatoire du patrimoine religieux 23 mai 2018 consulter ici
Le Quotidien de l'Art 24 avril 2018 (consulter ici)
Association des Journalistes du patrimoine
FAUT-IL SAUVER LE DÉCOR ART DÉCO DE LA SYNAGOGUE DE LA RUE COPERNIC ?
Suite à un petit-déjeuner de presse organisé par l'AJP, le compte rendu de Michel Schulman 19/04/2018
La synagogue de la rue Copernic vit-elle ses derniers jours ? Le projet de démolition de la synagogue historique actuelle rencontre une opposition marquée de certains membres de la communauté juive qui se sont constitués en Association pour la protection du patrimoine de Copernic (APPC).
L'affaire est sensible et le dossier ne se limite pas à l'architecture du bâtiment. Elle est non seulement cultuelle mais aussi culturelle. L'Association des Journalistes du Patrimoine a organisé une rencontre avec l'APPC le 9 avril 2018.
La décision est prise en 2015. Le conseil d'administration de l'Union libérale israélite de France, gestionnaire de la synagogue, décide d'effectuer des « travaux de mise aux normes ». En d'autres termes, il s'agit de démolir la synagogue actuelle et de la remplacer par un bâtiment contemporain, un projet piloté par le cabinet Valode et Pistre estimé alors à 15 millions d'euros, réévalué aujourd'hui à 23 millions d'euros. Cité par le journal La Croix du 2 juillet 2017, Jean-François Benhasel, le président de la synagogue explique : « Nous avons profité de cette opportunité pour [nous] interroger sur ce que doit être une synagogue. Il s’agira d'un lieu où la vie juive peut s'exprimer sous toutes ses facettes. Lieu de culte, d'étude, de réunions, de vie partagée ». Ce que dénonce devant l'AJP Eva Hein-Kunze, secrétaire générale de l'Association de protection de Copernic en parlant de « projet de culte à l'américaine ».
De quoi s'agit-il ? En fait de démolir non seulement la façade mais surtout l'intérieur Art déco, un exemple de l'architecture d'une synagogue construite en 1923 (avec l'utilisation du béton) et de décors intérieurs (moulures, verrière, lanterne), tout ceci, en résumé, pour surélever l'édifice de deux étages et répondre aux normes actuelles de sécurité.
Face à cette situation, l'association de protection décide de recourir aux grands moyens et de faire une demande de classement. Après une rencontre avec la Direction de l'architecture et du patrimoine du ministère de la Culture, le dossier est finalement transmis à la DRAC Île-de-France qui fait officiellement une demande de visite des lieux. Visite refusée par le l'Union libérale. Dans une lettre du 20 décembre 2017, Nicole da Costa, la directrice régionale des Affaires culturelles souligne que la DRAC « n’a pas été autorisée à se rendre à l'intérieur de la synagogue. Or la visite est un préalable indispensable à la présentation de l'édifice devant la délégation permanente de la Commission régionale de l'architecture et du patrimoine ».
Face à cette situation, l'APPC va porter plainte ces prochains jours pour vice de formes de l'assemblée générale de la synagogue de mars 2018 (qui a voté les travaux) et vient de solliciter le Ministère de l'Intérieur et des cultes pour un soutien au classement de l'édifice. (Une demande de classement aurait déjà été faite en 1998 et 2011 et n'aurait pas abouti). Pour pouvoir agir, la DRAC Ile-de-France dit maintenant attendre le permis de démolition de l'édifice actuel.
L'affaire est donc compliquée d'autant que le projet dépend aussi de la vente du bâtiment du 26 de la rue Copernic (le synagogue est au 24) qui appartient à la Ville de Paris qui permettrait l'agrandissement de la synagogue.
Un peu d'histoire
L'histoire de la synagogue de la rue Copernic est liée à celle de l'Union libérale israélite de France donc au judaïsme libéral. Émanation de la synagogue de la rue de la Victoire à Paris, l'Union libérale est créée en 1907 et acquiert l'immeuble de la rue Copernic. Le 3 octobre 1941, la synagogue est en partie détruite par une bombe lancée par la Milice soutenue par les Allemands. Quarante ans plus tard, le 3 octobre 1980, un attentat fait 4 morts et 46 blessés. L'édifice actuel, même si sa façade discrète ne soulève pas l'admiration patrimoniale, est donc plus qu'un lieu de culte. Une pétition en faveur de la protection de la synagogue actuelle compte actuellement 4500 signatures.
Association pour la protection du patrimoine de Copernic (APPC): www.sauvegardecopernic.org
Michel Schulman, président d'honneur de l'AJP
Le Parisien 21 mars 2018
Remarque : Il convient de signaler une erreur de taille dans cet article. La pétition de l'APPC a recueilli non « des centaines » de signatures, mais plus de cinq mille !
CNews n° 2229, 20 mars 2018
Le Parisien 14 mars 2018
Patrimoine et Environnement 24 août 2017
Actualité juive 20 juillet 2017
Cet entretien, que nous remercions Actualité juive de nous avoir accordé, nous permit de rectifier les erreurs contenues dans l'article du 9 juillet 2017 (voir infra). Il est toutefois regrettable que cet article ne soit pas accessible par le biais d'une recherche internet.
SOS Paris, n° 100, mai-juillet 2017
Actualité juive 9 juillet 2017
ÉLÉMENTS DE RECTIFICATION
– Il s’agit bel et bien d’une démolition, non d’une rénovation. Le nouveau Centre Culturel Juif Libéral, voulu à vocation européenne, sera érigée sur les décombres de la synagogue historique de la rue Copernic. – L'idée d'une «unanimité » de la communauté est trompeuse, parce que non seulement aucune date n'indique à quel moment cette décision aurait été prise et par quelle instance, mais la « communauté » n'y était manifestement pas présente. En effet, les deux seuls événements ayant eu lieu sont les suivants : – Le 28 juin eut lieu une simple réunion d’information, sans vote. – Assemblée générale de l’ULIF du 6 juillet : les questions que nous avions posées au préalable par lettre A/R ne furent pas évoquées, et aucun vote n'eut lieu, sous prétexte que l’on avait déjà suffisamment discuté de ce sujet lors de la réunion d'information, et que l’on traitant seulement l’exercice de l’année passée. – On doit donc en conclure que c'est le CA seul qui a confirmé sa propre décision, sans consulter la communauté dans son ensemble. – Contrairement à ce qu'affirme Jean-François BENSAHEL, nous ne limitons pas la synagogue à sa seule salle de culte. Nous voulons conserver l’édifice historique avec sa valeur patrimoniale irremplaçable : en aucun cas agrandir ne signifie démolir.
NOTA Nous avons sollicité une rectification de la part d'Actualité juive, que nous remercions de nous avoir accordé l'entretien (le 17 juillet) rapporté dans son article du 20 juillet 2017 (voir supra). Il est toutefois regrettable que seul cet article erroné soit accessible à une recherche internet.
La Croix 2 juillet 2017
PROBLÈMES DE CHIFFRES :
Jean-François BENSAHEL prétend que de 200 à 300 fidèles assistent aux offices le Chabbat. En réalité, le noyau stable de la communauté se compose d'environ 30 fidèles, les autres venant seulement à l'occasion des bar- ou bat-mitzvah.
Actuellement, avec la salle de Qiddouch, l'annexe et la mezzanine, l'édifice actuel dispose d'environ 280 places assises.
Avec l'acquisition de la parcelle du 26, rue Copernic, il est possible d'agrandir la salle pour atteindre 450 places assises. La démolition apporterait donc seulement 50 ou 60 places supplémentaires (voir la lettre de l'architecte R. IBCHBIAH).
Patrimoine et environnement 14 juin 2017
Le Parisien 11 juin 2017
REMARQUE : Bernard Daltroff nous accuse de « médisance ». Il serait en peine d'en citer un seul exemple : notre site en témoigne.